Chers Amis, Chères Amies,
Nous voici en route pour Pâques, sommet de notre foi chrétienne, aboutissement autant que recommencement.
Un chemin intérieur (et particulièrement cette année, avec le confinement que nous vivons plus ou moins sereinement).
A défaut de pouvoir nous retrouver comme nous en avions l'habitude, nous vous proposons un lectionnaire de Pâques, à suivre ensemble.
Ainsi, nous pourrons nous (ré)approprier et (re)découvrir cette large portion de l’Évangile selon Jean, aux chapitres 13 à 21.
Deux à trois fois par semaine nous vous proposerons ici :
- Une lecture que vous pourrez faire en ligne (en utilisant par exemple Lire.la-Bible.net ) ou sur votre Bible papier
- Une courte méditation / exhortation
- Et quelques questions de suite pour la route qui vient.
Nous vous encourageons à suivre ce parcours ! N'hésitez pas non plus à nous revenir avec vos remarques, questions : pasteurs@eemeyrin.ch
Bien à vous tous et toutes,
Pour l'équipe pastorale,
Philippe Henchoz
En chemin vers Pâques
Un parcours de Jean 13 à Jean 21
LECTURE PROPOSÉE: Jean 13.1-17
MEDITATION par Philippe Henchoz:
Avec ce texte, nous sommes mis devant une scène qui est une démonstration d’amour porté à son comble (verset 1).
Nous sommes mis aussi devant un exemple à suivre : par trois fois, Jésus nous invite à l’imiter : v. 14, 15, 17
Certains pensent qu’il faut appliquer littéralement ce texte. Et d’autres y voient un exemple donné pour le service mutuel. Il nous appartient de nous forger une opinion puisque Jésus, à 3 reprises, associe notre joie à l’obéissance à son commandement.
Je vous propose de voir 3 objections que Christ aurait pu opposer alors qu’il allait pratiquer le service des autres et ultimement le don de Sa vie en rançon pour nous.
Jésus savait 3 choses… et il aurait pu trouver des excuses valables pour ne pas faire ce geste d’amour et de service.
1) Verset 1 : « Jésus savait que l’heure était venue pour lui de quitter le monde ».
Jésus savait donc que son heure était venue. Et quelle heure : trahison, injustice, violence, moquerie, souffrance, et mort…
Et Jésus tout en sachant, tout en connaissant l’échéance terrible qui l’attend aime pourtant et sert les siens.
Il aurait pu exiger que l’on prenne un peu soin de lui, que l’on ait des égards…. Mais non c’est lui qui sert !
Aimer et servir, c’est une victoire sur l’égocentrisme.
Toute proportion gardée, je pense à mes « heures » difficiles où je concentre toute l’attention sur moi.
Aimer et servir c’est une victoire sur l’égocentrisme.
Aimer et servir c’est s’ouvrir prioritairement aux autres, comme Christ s’est ouvert d’abord aux autres, alors que lui-même était en situation d’être aimé et servi.
Aimer et servir, c’est faire volontairement passer les besoins des autres avant les miens.
2) Verset 2 cp 13 :21ss, Jésus savait que Judas allait le trahir.
Et pourtant il va lui laver les pieds.
Comme il va laver les pieds de Pierre qui le trahira quelques heures plus tard.
Comme il va laver les pieds de Jacques & Jean qui se posaient la question de « qui serait le plus grand dans le royaume des cieux » (Mc 10 :35ss)
Comme il va laver les pieds de Thomas qui pourtant doutera jusqu’à sa belle confession de foi (Jn 20 :25).
Jésus sait, connaît, les faiblesses et les approximations des uns et des autres. Et pourtant, Il fait ce geste d’amour et de service.
On aurait bien compris que Jésus, compte tenu de ce qu’il savait, adopte une attitude réservée, sévère même à l’égard de ces hommes, mais non il les sert.
Aimer et servir, est une victoire sur les frustrations et déceptions induites par le comportement des autres.
Je pense à toutes les fois où nous n’avons pas, n’avons plus d’élan vers l’autre parce qu’il nous a déçu… Servir ici c’est une victoire sur la frustration, sur la déception, et sur l’amertume liée aux comportements des autres.
3) V.3 Jésus savait qu’il venait de Dieu et qu’il retournait à Dieu.
Ici, Jésus sait qu’il est d’une autre catégorie que les disciples.
Il vient de Dieu et il y retourne… d’ailleurs il est Dieu lui-même !
La distance objective entre Jésus et ses disciples est immense, en termes de sainteté, de connaissance, de puissance, d’expérience.
Et cette distance aurait pu être suffisante pour ne pas se mêler à ces hommes tellement… humains et limités, pour marquer sa différence.
Aimer et servir, c’est une victoire sur l’orgueil et l’autosuffisance.
Je pense ici aussi à tout ce que nous savons, pouvons, connaissons de plus que les autres… et nous pourrions en faire une excuse pour ne pas se « rabaisser », servir,…
Je pense ici à nos différences liées à nos parcours de vie, nos talents, nos potentiels.
Aimer et servir comme Jésus l’a fait, tout en sachant qu’il était d’une autre catégorie que ces disciples, est une victoire sur l’orgueil, la suffisance de soi.
Aimer et servir nous permet de dépasser le stade des barrières naturelles liées aux expériences, à la vie, aux progrès ou non des uns et des autres.
En conclusion.
Jésus aurait pu oindre ses disciples plutôt que de laver leurs pieds. Oindre en tant que souverain ce qui aurait été glorieux pour Lui… (pour affirmer sa Seigneurie).
Mais non il prend de l’eau, il passe un linge autour de la taille et il nettoie la partie la plus basse et la moins noble de ces hommes.
J’aimerais simplement nous encourager à nous inspirer de cet exemple, et chercher en Christ, dans son imitation, les ressources pour une telle attitude envers vos prochains.
Philippiens 2 :4-5 nous invite à considérer les intérêts des autres au lieu de nos propres intérêts et à développer continuellement les sentiments qui étaient en Christ.
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Quel « visage » du Christ je découvre ici pour la première fois ?
- En quoi ça me bouscule, dérange, stimule ?
- Comment puis-je aujourd’hui prolonger une telle attitude, un tel amour ? Quelles sont mes réticences ?
- Suis-je prêt-e, à Sa suite, à aimer et servir mes prochains pour que le Christ soit rendu visible ? Et comment puis-je le faire concrètement (couple, famille, Eglise, voisinage, …) ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 14
MÉDITATION par Philippe Henchoz:
Avec Jean 14, nous sommes mis devant le discours d’adieu du Seigneur Jésus. Il est en route pour la Passion, le don de sa vie pour nous.
Il commence avec un remarquable appel à la confiance : « Ne soyez pas troublés, leur dit dit Jésus. Vous avez confiance en Dieu, ayez aussi confiance en moi. » (verset 1). Il est digne de confiance, notre Seigneur, au même titre que l’Éternel Dieu : sachons l’écouter, l’accueillir, le révérer même et valoriser ses paroles.
Puis ce discours d’adieu contient un enseignement particulièrement riche sur le Saint-Esprit.
Quelques remarques :
1) En grec (la langue du NT), tout nom est grammaticalement défini comme étant masculin, féminin ou neutre. Le mot « esprit » est normalement neutre. Par conséquent, chaque fois qu’il est remplacé par un pronom personnel, il ne devrait s’agir que du pronom neutre. Or, dans ce chapitre, ce pronom est souvent masculin, ce qui « transgresse » les règles grammaticales habituelles.
J’y vois une façon de nous faire comprendre que le Saint-Esprit est une personne et non un principe, une théorie, une simple chose, ou une vague action.
2) Parmi les titres attribués aux Saint-Esprit figure celui de « Consolateur » (v. 16), traduit aussi par « Défenseur » ou « Avocat ». A l’origine, le verbe consoler signifiait « fortifier », « réconforter ». Aujourd’hui, le sens de ce terme a évolué, si bien que dans le langage courant, consoler, c’est entourer des personnes affligées ou endeuillées. C’est un sens beaucoup plus restrictif que celui que lui confère Jésus. Le terme grec revêt plusieurs sens, certains versions ont ainsi préféré le conserver sous la forme transcrite « Paraclet », plutôt que sous sa forme traduite. C’est certainement une personne qui vient à côté du chrétien de la chrétienne, pour l’aider et le fortifier. Il intervient comme un avocat général (cf Jn 16.7-11).
J’y vois une façon de nous rappeler que le Saint-Esprit est une personne qui vient nous défendre, nous protéger, nous affermir.
3) Jésus déclare que le Saint-Esprit est « un autre Consolateur » (v. 16). Jésus promet clairement d’envoyer quelqu’un qui Le remplacera Lui. Il vaut la peine de noter ici qu’en dehors du discours d’adieu de Jésus, le terme « Paraclet » ne se trouve que dans un seul endroit du NT en 1 Jean 2.1, où il est traduit par « avocat », celui qui prendre notre défense devant le Père. Jésus est donc le premier Paraclet. Au moment où son départ est imminent, il promet d’envoyer le Saint-Esprit, l’autre Paraclet, pour ses disciples et auprès d’eux. L’œuvre du Christ continue sans altération.
J’y vois une façon de nous dire que malgré le départ du Christ, en chair et en os, nous n’avons pour ainsi dire « rien perdu au change » : le Saint-Esprit poursuit de l’intérieur de nos vies ce que le Christ faisait aux côtés de ses disciples (cp Jean 16.7).
4) Il est appelé « l’Esprit de vérité » (verset 17). Cela ne signifie pas seulement qu’il dit la vérité par opposition aux mensonges, mais qu’il est le véritable véridique Esprit, celui qui garantit la vraie présence du Père et du Fils dans le croyant (verset 23).
J’y vois une formidable promesse de vie et d’actions intérieures sous l’impulsion du Dieu trinitaire dans toute la cohérence qui est la sienne et qu’Il vient déployer en nos vies.
5) Jésus promet que l’Esprit « vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit. » (verset 26). Puisque le « vous » indique ceux auxquels l’Esprit doit rappeler ce que Jésus a dit, il s’agit avant tout des premiers disciples. L’Esprit les rendra capable de se rappeler l’enseignement de Jésus, d’en saisir toute la signification après la Croix et la résurrection et de nous la transmettre ensuite dans sa plénitude et son exactitude.
J’y vois une indication importante de la nécessité de l’oeuvre du Saint-Esprit pour que l’enchaînement des choses, dès la séquence de la Croix, soit fiable à 100 %. Autrement dit, nous pouvons faire confiance aux écrits apostoliques au même titre que nous faisons confiance aux paroles du Christ.
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Quand on évoque l’action du Saint-Esprit à quoi cela fait-il référence en premier lieu pour moi ? Est-ce que ce texte de Jean 14 me vient en tête à prime abord ?
- Qu’est-ce que je découvre ici, concrètement, de l’action du Saint-Esprit en ma faveur ?... De quoi ai-je envie / besoin de me saisir ?
- Quelles dimensions de cette action multi facettes j’aimerais développer, dans ma compréhension, dans ma vie chrétienne ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 15. 1-17
MÉDITATION par Claude Baecher:
Après le discours d’adieu du Seigneur Jésus et son appel à la confiance, on imagine bien l’anxiété des disciples à l’idée de la mort de leur maître, même avec l’assistance de l’Esprit promis. À ce stade, l’évangéliste Jean rappelle une parole de Jésus sur la vigne que soigne le vigneron, le Père. La vigne, c’est Jésus et nous sommes les sarments de cette vigne. Il attend du fruit particulier. Le vigneron en prend soin, même quand il la taille et l’émonde (le même mot en grec pour « purifie ») pour qu’elle porte du bon fruit. L’épreuve à venir n’échappe pas à un plan divin, ni pour Jésus, ni pour ses disciples. L’expression clé à retenir, c’est « demeurez en moi comme je demeure en vous » (v. 4). Ce n’est qu’à cette condition qu’il en naîtra un fruit abondant, car « en dehors (déconnectés) de moi, vous ne pouvez rien faire » (v. 5).
Israël savait que le Seigneur parlait d’eux (et du coup aussi de la communauté des disciples).
Le prophète Esaïe avait déjà évoqué le fruit et la vigne. Voyez Esaïe 5:5 et 7 : « Eh bien, je vais vous apprendre ce que je vais faire à ma vigne; enlever la haie pour qu’elle soit dévorée... La vigne du Seigneur, le tout puissant, c’est la maison d’Israël et les gens de Juda sont le plant qu’il chérissait. Il en attendait le droit, et c’est l’injustice. Il en attendait la justice, et il ne trouve que les cris des malheureux. » Israël pratiquait le culte du Seigneur, mais pas la justice relationnelle. Dans l’épreuve annoncée, la condamnation à mort de leur maître, les disciples porteront du fruit et Jésus les y prépare en rappelant cette vérité essentielle : « demeurez en moi ! ».
Parlons d’abord de la forme de ce passage extraordinaire avant de revenir au fond. La forme concerne les versets 7 à 17, car elle ne saute pas aux yeux du lecteur non juif ou du contemporain que nous sommes, car il s’agit de poésie juive. Il y a dans ce passage une structure comme celle d’un diamant taillé (on l’appelle chiasme, structure en X). C’est comme une pyramide que l’on gravit, avec au sommet le verset 11. Ce tableau met en évidence cette structure de correspondance. Je vous invite à l’examiner attentivement, c’est très fort !
Ce demeurer en Christ, cette solidarité spirituelle avec Jésus, se manifeste concrètement : « Tel il est, lui, dans le monde, tels nous sommes, nous aussi, dans de monde » (1 Jn 4,17). Ce qui nous émonde/purifie, ce ne sont pas les épreuves, mais dans les épreuves, « la parole que je vous ai dite » (V. 3). Familiarisons-nous donc avec cette parole de Jésus, pour nous rendre plus forts.
Revenons maintenant sur le fond. Avec ses disciples, Jésus constitue le nouveau peuple de Dieu, mais il n’oublie pas la leçon d’Israël : « Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’enlève » (15:1). Le secret pour porter un style de vie fructueux aux yeux du Seigneur, c’est de cultiver l’INTIMITÉ AVEC JÉSUS-CHRIST, de devenir ses « amis » qui connaissent et partagent son objectif : confronter le mal en pratiquant le bien, même si cela amène à la crucifixion. Dieu n’est pas étranger à l’affaire, au contraire. L’amour de Jésus pour ses disciples précède et accompagne l’amour des disciples pour lui. Cette SOLIDARITÉ, se manifeste dans divers domaines capitaux : solidarité dans le DÉSIR et la prière au Père, solidarité dans la MISSION de porter du fruit, solidarité dans l’AMOUR suffisamment mûr pour se donner et enfin c’est là que culmine cet enseignement, solidarité dans la JOIE partagée avec Jésus. On passe ainsi des désirs profonds, à la mission, à l’amour, et à la joie dans la perspective de la victoire du Christ. L’un entraîne l’autre dans la vie, par la puissance opérante de Jésus par l’Esprit. Lorsque la perspective est claire, on se sait choisi par Jésus en vue d’une mission. Lorsque celle-ci est en oeuvre, on aime car on est aimé ; et lorsqu’on aime, on sait qu’il y a de la joie de vivre dans cette perspective, une joie qui n’est pas de surface, mais qui est profonde. Tous les auteurs du Nouveau Testament en conviendront, cet amour a, en association avec Jésus, des effets durables.
On pourrait imaginer que le fruit peut être toutes sortes de choses différentes : le succès dans ce qu’on entreprend, une spiritualité d’où émane une autorité spirituelle, la prospérité matérielle ou les conversions massives, la croissance numérique de l’Église, le fait d’être épargné des épreuves... Mais non, à la lumière de ce texte (et d’Esaïe), on découvre que le fruit n’est pas d’abord cela, mais une justice bienveillante, une justice qui restaure en solidarité avec le Seigneur, avec Jésus. Le fruit est l’attitude de justice bienveillante attendue par le Seigneur chez son peuple. Nous en faisons partie. Que cette perspective nous remplisse d’amour et de joie, oui la joie partagée du Seigneur Lui-même qui, dans sa grâce, approuve nos vies. Que Sa joie et la nôtre demeurent !
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Que veut dire pour vous, pratiquement, « demeurer en Christ » ? Qui a établi ce lien ?
- Le fruit qui est porté s’exprime dans une qualité de vie relationnelle. Actuellement, comment s’exprime cette qualité dans nos vies, nos familles et notre Église ?
- Dans ce début de 3e millénaire marqué par la globalisation du commerce et de l’avidité, où le monde en même temps est devenu un village, comment manifester une économie plus fraternelle ?
- Jésus, veut nous appeler « amis » et nous invitant à nous recentrer sur la grande perspective visée. Comment pouvons-nous, comme « amis », formuler l’objectif qu’a le maître lui-même dans ce monde ?
- Retrouvons-nous ce fruit associé à la joie de Jésus, dans notre vie personnelle, de famille, d’activité ou d’Église ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 15.18-16.4
MEDITATION par Sélina Imhoff:
Les conséquences de la haine
Nous sommes entrés dans le passage plus sombre de ce chapitre de Jean 15. Jusqu’à présent, Jésus a parlé d’amour. Et maintenant, Jésus va enseigner ses disciples sur la haine. La haine qui atteindra son paroxysme dans quelques heures lorsqu’il sera cloué sur la croix.
La haine qui retombe sur Jésus, retombera aussi sur les disciples et ceux qui les suivront. Les débuts douloureux de l’Église que l’on découvre dans le Nouveau Testament confirment les propos de Jésus.
En appartenant à Jésus, on est solidement attachés dans son amour. Les disciples portent du fruit de vie qui rendent gloire à Dieu. Et c’est la raison pour laquelle ils seront haïs.
Jésus, la Parole qui éclaire
Comme Paul le dira plus tard en Romains 3.20 « Or personne ne sera reconnu juste aux yeux de Dieu pour avoir obéi à la Loi ; la Loi permet seulement de prendre connaissance du péché. », de même Jésus dit au v.22 que sans sa venue, les humains n’auraient pas de péché.
L’analogie de Jésus comme étant la Parole, la Loi (au sens noble du terme), résonne encore ici. C’est par la Parole que tout vient à la vie (Jn 1.3). Mais ceux qui ne reçoivent pas cette parole courent vers la mort. La venue de Jésus est la lumière (Jn 8.12) qui vient éclairer les hommes au sujet du péché tout comme le St-Esprit le fera (Jn 16.8). Les humains sont-ils sur le bon chemin ou font-ils fausse route ?
C’est cette question qui s’est imposée à tout Israël quand Jésus est venu au milieu d’eux.
Israël était si fière de son Temple flamboyant. Il était sa gloire personnelle. Ce Temple était le symbole de l’accomplissement de la Loi aux yeux des maîtres de la Loi, des gardiens de la conscience et du salut d’Israël et du monde.
Et si la venue de Jésus leur avait montrer qu’ils avaient tous fait fausse route et que par conséquent, ils amenaient le monde à sa perte ?
L’heure du salut et non du jugement
Bien que Jésus vienne éclairer les hommes sur le péché, ce n’est pas dans le but de les condamner. Le temps du jugement définitif n’est pas encore arrivé. Jésus porte bien son nom, il est venu pour sauver (Jn 3.17, Jn 12.47).
C’est pourquoi, il envoie des disciples qui portent son fruit, qui rendront témoignage de Jésus. Il est important que les disciples soient bien conscients, bien équipés de l’Esprit et solidement attachés en Jésus pour affronter le monde et la haine. Car le message du Salut doit se faire connaître, se faire entendre partout dans le monde.
Un monde qui court à sa perte en faisant fausse route.
Certains entendront le message et le renieront. D’autres commettront des meurtres parce qu’ils refuseront d’admettre leurs erreurs sur Dieu, le bien et le mal. Mais des gens recevront aussi ce message dans la joie, car il n’y a rien de meilleur que de s’attacher au cep et enfin porter du fruit qui rende gloire à Dieu.
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Sous quelles formes voyez-vous l’hostilité envers les chrétiens dans le monde aujourd’hui ?
- Comment le St-Esprit vous aide t-il à tenir bon face à la haine du monde envers le message de Jésus ?
- Comment arrivez-vous dans votre témoignage à mettre en avant le temps du Salut et non du jugement ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 16.5-24
MEDITATION par Philippe Henchoz:
La venue du Saint-Esprit, le « Consolateur » ou Paraclet, est donc intimement liée au départ de Jésus, c’est-à-dire à sa mort par crucifixion, à sa résurrection et à son exaltation (cf Jean 7.37-39) : « Je vous le dis en vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, celui qui doit vous venir en aide, ne viendra pas à vous. Mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.» (Jean 16.7)
Cela soulève quelques questions importantes concernant les liens entre le rôle du Saint-Esprit sous l’ancienne alliance (dans l’AT), avant la séquence de la Croix, et son rôle actuel, après la Croix. Il vaut la peine de se pencher quelques instants sur ces choses. Mais ici, il faut bien comprendre l’insistance de Jean sur l’œuvre de l’Esprit à partir de la séquence de la Croix et ce que Jésus en dit lors de ce repas pascal avec ses disciples réunis.
A la fin de Jean 15, il est dit que le Consolateur rendra témoignage de Jésus, et que les disciples devront pareillement apporter l’appui de leurs propres paroles pour rendre témoignage de Jésus (Jean 15.26-27). La primauté revient à l’Esprit, mais les disciples se placent dans sa lignée.
Ici, dans Jean 16.8-11, le Consolateur convainc le monde de péché, de justice, et de jugement. Il le fait parce que Jésus retourne au Père (son exaltation) et qu’il ne pourra donc plus assumer ce rôle qu’il assumait jusqu’ici, les quatre Évangiles en témoignent abondamment.
Si le Saint-Esprit rend témoignage de Jésus dans Jean 15.26-27 et convainc ensuite les gens en poursuivant l’œuvre de Jésus (Jn 16.6-8), dans Jean 16.12-15, il glorifie Jésus en révélant Christ à ceux qui participent à ce repas pascal (le « vous » du verset 12 peut difficilement désigner d’autres personnes, en tout cas en priorité).
De même que Jésus n’est pas indépendant du Père, mais dit uniquement ce que le Père lui communique (Jean 5.16-30), ainsi l’Esprit n’est pas indépendant ni du Père ni du Fils : « ses paroles ne viendront pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu’il aura entendu » (v. 13). L’Esprit focalise donc son attention sur Jésus : « Lui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera » dit Jésus au verset 14. Bien entendu, tout ce qui appartient à Jésus vient du Père : « Tout ce que le Père a, est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. » (verset 15). Il y a dans cette articulation une insistance sur la Trinité, Dieu Père, Fils et Saint-Esprit agissant en toute cohérence.
Si Jésus n’a pas révélé lui-même tout ce qui le concernait et qui concernait sa mission auprès des disciples, c’est probablement qu’ils n’étaient pas encore en mesure de le comprendre (verset 12). Bien qu’ils soient disciples depuis un certains temps, à ce moment précis, il ne peuvent concilier dans leur esprit la notion d’un Messie roi avec celle d’un Messie souffrant (d’où leur énorme déception lors de l’arrestation de leur Messie). Tant que cette réalité ne sera pas fortement ancrée en eux (et il faudra la richesse et la révolution de la Résurrection), leur façon même de lire les Écritures (ce qui correspond à notre Ancien Testament) sera tellement faussée par des aspirations politiques et royales qu’ils ne parviendront pas à voir et croire juste.
Combien l’œuvre de l’Esprit se concentre sur Jésus-Christ ! Il lui rend témoignage, il poursuit certains aspects de son ministère dont il met en lumière la signification.
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Qu’est-ce que ce texte m’apprend sur la « collaboration » trinitaire ?
- Qu’est-ce que l’affirmation que le Saint-Esprit « ne parlera pas de lui-même » implique pour ma vie de foi, ma relation à Dieu et aux autres ? S’il ne parle pas de lui-même, de qui parle-t-il ? Et est-ce que je l’écoute ?...
- Quels éléments de la personne et de l’œuvre du Christ j’aurais besoin que l’Esprit me rappelle, me révèle ? Puis-je prier pour une illumination en ce sens ?
- Aujourd’hui, quels seraient des aspects de l’oeuvre du Christ à prolonger, dans ma vie, dans ma famille, dans la société, dans l’Église, et le monde ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 16. 25-33
MEDITATION par Claude Baecher:
Nous avons vu que la haine se déchaîne contre Jésus, aussi contre ses disciples, et que l’Esprit promis et l’intercession de Jésus nous viendront en aide.
L’heure de parler ouvertement (v. 25-27)
Le jour vient où ce sera très clair avec le Père, qu’on n’aura plus l’impression que Jésus parle en « énigmes », disent les disciples. Qu’est-ce qui doit être « clair » ? Juste le destin de Jésus, ou plus largement le sens de la souffrance tout étant sûr de l’amour du Père lui-même ?
Jésus se présente comme un pédagogue, il nous aide à progresser. Un temps, il était avec ses disciples pour parler du Père, et bien qu’occasionnellement il usait de paraboles, c’était clair. Le flou était plutôt dans la tête des disciples qui s’attendaient sans doute à autre chose, à d’autres moyens pour le règne de leur maître… Avec l’annonce de son départ, Jésus dit que dans le futur, il les mettra directement dans la communion du Père, dans la perspective (« au nom ») de ce qu’ils avaient appris de Jésus.
« Le Père lui-même vous aime parce que vous m’avez aimé », dit Jésus (v. 27). C’est un vrai compliment aux disciples. Quand on a saisi d’où vient Jésus, la raison de son départ (v. 28), on comprend beaucoup de choses sur sa mission. Mais ont-ils vraiment tout compris ? La suite montrera que non, pas encore… car ils ne comprenaient pas au point de se solidariser avec Jésus.
Vous me laisserez seul et serez dispersés (v. 29-32)
Les disciples croient savoir ! Et il y a cette terrible révélation : vous serez dispersés et « vous me laisserez seul » (v. 32). Mais Jésus, même laissé seul, ira jusqu’au bout de son combat, sans éviter sa mise à mort.
Il y a des solitudes fécondes, lorsqu’on est enfin face à soi-même, et face à Dieu. Il y a des solitudes de nostalgie, après avoir vécu des temps très forts avec les autres. Les lendemains de belles fêtes. Il y a enfin les solitudes de nos lâchetés, de la conscience de nos trahisons.
La solitude de Jésus est celle d’un abandonné, oui, trahi par les siens. C’est seul que le Christ portera sa croix. Seul ?
Jésus appelle ses disciples à la confiance (v. 33)
Pourquoi ce discours ? Il avance une leçon de confiance : ayez confiance, vous aussi ! Si vous m’abandonnez, je ne serai néanmoins pas seul, le Père est avec moi. Quelle magnifique leçon de spiritualité radicale ! Quelle détermination, quelle confiance, quelle force pour Jésus de savoir que « le Père est avec moi » ! Notre foi à nous est bien plus défaillante, s’il n’y avait la résurrection de Jésus.
Pour que les disciples entendant ces paroles puissent être en paix au sujet de Jésus, il dira : « en moi, vous aurez la paix ». Car s’agissant des disciples, comme ils nous le montreront à Gethsémané plus tard, ils ne seront pas en paix, mais en détresse.
Cette parole résume tout l’Évangile et chacun et chacune d’entre nous peut la reprendre à son compte, dans l’épreuve : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde » (v. 33). Plus tard, après la résurrection et la pentecôte, les épîtres de Jean diront des chrétiens attachés à Jésus : « Vous les avez vaincus » (1 Jn 4,4).
Quel est ce « monde » qu’il a vaincu ? Le lieu où domine la haine, la peur de la mort. Il a vaincu la mentalité de repli sur soi-même… Il a vaincu le « monde » de la convoitise égoïste, en aimant, seul pour l’instant, jusqu’au bout. Comment l’a-t-il « vaincu » ? En aimant, jusqu’à l’offrande de sa vie. Dans la suite de l’Évangile, Jésus mettra en pratique son affirmation : « le Père est avec moi ».
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- À quel moment de ma vie ai-je dû d’abord apprendre et dépendre de Jésus pour être en mesure de bien prier le Père ?
- Ai-je aussi parfois le sentiment d’avoir compris, mais qu’il y a loin de l’intention à l’action ?
- Aujourd’hui, quels effets ont sur moi, sur l’Église, cette victoire de Jésus sur « le monde » ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 18. 1-15
MEDITATION par Sélina Imhoff :
Le drame côté jardin
Jean est l’évangile du Commencement. Comme au Commencement, un drame va se dérouler dans un jardin. Dans ce jardin, la trahison de Juda va mettre un terme au parcours terrestre de Jésus. Dans le jardin du pays d’Eden en Genèse 3, c’est la violation du commandement de Dieu qui a rendu les humains mortels.
Pourtant dans les deux jardins, Dieu est ! Genèse 3.8-10 « 8 Le soir, quand souffle la brise, l'homme et la femme entendirent le Seigneur se promener dans le jardin. Ils se cachèrent de lui au milieu des arbres. Le Seigneur Dieu appela l'homme et lui demanda : « Où es-tu ? » L'homme répondit : « Je t'ai entendu dans le jardin. J'ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché. »
Le drame du jardin d’Eden résonne fort dans le récit du jardin de Gethsémané.
Le moment est fatidique. C’est Jésus qui en donne le rythme. C’est lui qui va au devant des soldats pour leur demander : « Qui cherchez-vous ? » Suite à la réponse « Jésus de Nazareth », Jésus réplique « C’est moi ! ».
En grec, cette célèbre réplique se dit ego eimi. Cette expression ne veut pas seulement dire « Je suis celui que vous êtes venus chercher ». Cette expression rappelle le nom sous lequel Dieu s’était présenté à Moïse en Exode 3.14-15. Dieu se présente comme le Dieu d’Abraham,d’Isaac et de Jacob.
Le Dieu d’Israël s’était aussi révélé en ces termes à son peuple à la fin du Deutéronome. Voici ce que dit le dernier livre de la Torah en Deutéronome 32.39 « Eh bien ! maintenant, voyez :c’est moi, rien que moi, sans aucun dieu auprès de moi, c’est moi qui fais mourir et qui fais vivre, quand j’ai brisé, c’est moi qui guéris, personne ne délivre de ma main. »
En utilisant ce terme par sept fois dans son évangile, Jean veut souligner incontestablement la figure divine de Jésus. Jésus se présente comme Dieu dans le jardin. Et alors qu’il va être arrêté, jugé et exécuté, il rappelle que le Dieu d’Israël est celui qui fait vivre et mourir. Il est le Dieu unique. Le grand-prêtre, Hérode et l’empereur ne sont que des humains qui seront à leur tour jugés.
L’effet de ces mots est radical v.6
Dans ce jardin, Jésus se présente face à la troupe de soldats du Temple. Il ne se cache pas comme Adam s’était caché de Dieu. Tout comme Adam et Eve avaient subit les conséquences mortelles de la tromperie, de même Jésus sera emmené captif vers sa mort des suites de la trahison de Juda.
Une arrestation musclée
L’arrestation de Jésus est très bien décrite. Sans doute pour que nous puissions bien nous imaginer le caractère grotesque de la scène. En pleine nuit de la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples sont à l’extérieur de la ville dans un jardin sur les pentes du Mont des Oliviers. Dans l’obscurité, une troupe composée de centaines de soldats du Temple avec des lanternes, des torches et des armes ne passe pas inaperçue. Jésus n’a jamais voulu fuir cette arrestation. Nous voyons une multitude d’hommes armés jusqu’aux dents venir arrêter un homme innocent, consentant et désarmé.
La violence fait partie des hommes. Elle est du côté des soldats, mais aussi chez les disciples.
Les disciples comprennent que leur maître est arrêté. Pierre toujours si intrépide dégaine une épée et tranche l’oreille de Malchus le serviteur du grand-prêtre. Pierre et les disciples n’ont sans doute pas encore compris, dans la confusion, que c’était leur camarade et ami Juda, le traître. Pierre n’est pas très éloigné de la pensée zélote de l’époque qui voulait installer le royaume du Messie par les armes. C’est de la violence pour de la violence. Et Jésus fait comprendre à Pierre que ce n’est pas le chemin qu’il empruntera v.11. En Luc 22.51, Jésus guérit l’oreille coupée de Malchus.
Hanne
Hanne était le beau-père du grand-prêtre Caïphe cette année-là. Hanne était un homme très influent et il avait aussi été grand-prêtre de l’an 6 à 15. Il était un chef Sadducéen qui gouvernait dans le Temple et une bonne partie de la vie des Juifs. L’influence de cet homme dépassait sans doute celle de Caïphe et c’est sans doute la raison pour laquelle Jésus comparait d’abord devant lui. Cette première comparution de Jésus devant Hanne marque le début d’une succession de plusieurs interrogatoires qui conduira à la crucifixion injuste de Jésus.
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Pouvez-vous décrire les sentiments des hommes qui trahissent et humilient Jésus ? Pouvez-vous décrire les sentiments de Jésus qui se laisse volontairement arrêter et juger ?
- Quelles sont les différentes puissances en action dans ce texte ? Comment Dieu démontre t-il sa puissance dans votre vie ?
- Comment faites-vous pour ne pas céder à la tentation de la violence, de la ruse et de l’envie de surpasser Dieu pour faire venir son royaume ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 18. 15-40
MEDITATION par Philippe Henchoz:
Quand Pilate demande à Jésus si, oui ou non, il est le « Roi des Juifs » (Jn 18.33), ce qui l’intéresse surtout est de savoir si Jésus ne constituerait pas une sorte de menace politique. Est-il l’un de ces « messies » nationalistes et autoproclamés qui veulent en découdre à tout prix avec la superpuissance romaine ? Si c’est le cas, il devra subir la peine capitale.
Mais la réponse que Jésus donne est certainement de celles que Pilate n’a jamais entendue de toute sa carrière : « Mon royaume n’est pas ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi, afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant, mon royaume n’est pas d’ici-bas. » (verset 36).
Une telle réponse – déconcertante et prometteuse s’il en est – mériterait d’être approfondie, mais je me contente de souligner ici quatre points :
1° - le mot « royaume » ne peut revêtir le même sens statique que dans les expressions « royaume d’ Angleterre » ou « royaume de Jordanie ». Il est plutôt chargé d’une signification dynamique ; il indique plutôt « le règne » ou « le gouvernement royal ». D’ailleurs, Jésus prend bien soin d’indiquer l’origine ou la source de son pouvoir royal. Cela ne signifie pas que son règle ne s’exerce pas sur un royaume. Mais Jésus veut bien faire comprendre que cet aspect – matériel, géographique, statique – n’est pas essentiel.
2° - Jésus déclare que son royaume « n’est pas de ce monde », il n’est « pas d’ici-bas ». Autrement dit, tous les royaumes et tous les centres de décisions politiques que les hommes instaurent font reposer leur autorité sur les réalités et les contingences de ce monde. Pas Jésus. Son royaume, son règne, ses valeurs ne sont « pas de ce monde ». Ils sont d’ailleurs. Et les lecteurs de l’Evangile comprennent bien qu’ils sont « des cieux » ou de Dieu lui-même (cf Matthieu 5 à 7).
3° - C’est pourquoi : ses serviteurs « ne combattront pas ». Son royaume ne progresse pas et ne devient pas un empire à la manière des empires de ce monde, en s’appuyant sur des forces militaires, économiques ou idéologiques. Le royaume de Dieu ne s’étend pas au moyen d’armées humaines et de guerriers de tous poils, fussent-ils des martyrs ou des saints ! On aurait aimé que ceux qui ont lancé les Croisades ou plus récemment des guerres au nom de Dieu aient davantage réfléchi à ce texte. Ici, on peut penser d’ailleurs que Pilate a cru ce que Jésus venait de dire ; il ne l’a pas considéré comme une menace politique (v. 38).
4° - N’en déduisons pas que Jésus ne revendique aucun pouvoir sur les royaumes de la terre. Il insiste sur le fait qu’il est roi, même s’il ne tire pas son autorité de ce monde, et même si ses serviteurs ne le défendent pas par toute une panoplie d’armes. Mais le jour viendra où tous devront reconnaître que lui seul est Seigneur des seigneurs et Roi des rois (Apocalypse 17.14 ; 19.16) et qu’il finira pas posséder tous les royaumes de la terre (Apocalypse 11.15)
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Qu’est-ce que ce texte m’apprend sur la nature du royaume que le Christ instaure ?
- Quelles sont les valeurs de ce Royaume (et il vaut la peine de relire ici Matthieu 5 et Philippiens 2 par exemple) ? Est-ce que je les recherche, les manifeste ?
- Quel est mon rapport au Christ Roi ? Où en est ma confiance ? mon allégeance ?
- Comment se manifeste mon espérance dans l’attente d’un Royaume qui s’il est déjà là en partie, doit encore se manifester pleinement ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 19
MEDITATION par Claude Baecher:
Le roi humilié (19,1-8)
Jésus est devant Pilate, gouverneur en Judée, province impériale romaine, entre 26 et 37 ap. JC. Dans cet évangile, la rencontre de Jésus avec Pilate et la foule occupe une grande place. Sous l’administration de Pilate, les révoltes juives et samaritaines ont été attisées par ses maladresses et cruautés. Jésus est maltraité. Et commencent les moqueries et vexations des soldats, la couronne d’épines, le manteau de pourpre, les honneurs moqueurs tels que « salut, roi des juifs », les coups, l’exposition à la foule. C’est Pilate qui va livrer Jésus au supplice, mais en cédant aux pressions des autorités religieuses juives et finalement à la foule qui crie : « crucifie-le ! ».
Les scènes se passent à l’intérieur et à l’extérieur du palais : « Voici l’homme ! ». Pilate est tiraillé… On passe sur le plan religieux (v. 7ss) et on revient à l’essentiel de l’accusation. Les coreligionnaires de Jésus invoquent la loi juive contre le blasphème pour dire qu’il faut mettre à mort. Cela effraie Pilate et Jésus ne répond pas à sa question : « d’où es-tu, toi ? ».
Qui est le roi qui détient le pouvoir ? (19, 9-16)
Pilate confronte le pouvoir de Jésus : « j’ai le pouvoir de te relâcher ou de te faire crucifier! » (v. 10). Jésus lui répond : « tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il en t’avait été donné d’en haut » (v. 11). Mais qui est « en-haut » ? Si pour Pilate, c’est César, pour Jésus, c’est le Père. En tous les cas, c’est une manière de dire à Pilate que son pouvoir n’est pas absolu, qu’il n’est qu’un instrument, mais concédé à Quelqu’un auquel on aura à rendre des comptes plus tard. Les autorités juives avaient là plus de responsabilité, car elles savaient, elles, que c’est devant le Seigneur qu’elles agissaient. Pilate, lui, devait rendre des comptes à César. Les foules lui ont rappelé qu’il devait se comporter en « ami de César » en gardant Jésus entravé : « car quiconque se fait roi, se déclare contre César » (v. 12). « Crucifie-le » (v. 15) : c’est un comble pour un peuple qui attendait un messie-sauveur que de dire son allégeance ultime à César… Même les grands prêtres diront alors : « nous n’avons pas d’autre roi que César » (v. 15).
C’est le point tournant pour Pilate qui ne veut pas d’ennuis avec César. Verdict, crucifixion ! Pour les Romains, c’est réservé aux couches les plus basses de la population, les meurtriers, les révoltés. Pour les juifs, l’exposition sur le bois est la peine réservée après lapidation, par exemple aux blasphémateurs.
Le roi Jésus, dit Jean, porte lui-même sa croix, jusqu’au Golgotha. L’écriteau reprenant le chef d’accusation proclamera même, malgré les protestations, la royauté de Jésus, en trois langues, à la face du monde. Pour les chrétiens, bien plus tard, la croix symbolisera l’arbre de vie.
Même sur la croix, il n’oublie pas la compassion (19, 25-30)
S’il y avait quatre soldats à la croix, il y a aussi eu quatre personnes qui sont restées avec Jésus. « Le disciples que Jésus aimait » et trois femmes, dont la mère de Jésus, étaient présents. Voyant arriver les heures funestes, Jésus ordonne une nouvelle solidarité familiale dans l’épreuve. Nouvelles manières d’avoir une « mère », nouvelle façon d’avoir un « fils » (Jn 19,25-27). Une nouvelle communauté émerge.
La mission de Jésus était accomplie : « tout est achevé » et il « remit l’esprit » (19,30). Pour les autorités de Jérusalem, le gêneur était éliminé.
« Aucun de ses os ne sera brisé » est-t-il dit au sujet de l’agneau sans défaut qui sera mangé et dont le sang sera mis sur les linteaux des maisons des croyants (Ex 12, 46 et Nb 9,12). Jésus meurt à l’heure où au temple, on immole les agneaux pour Pâques, fête de la libération de l’esclavage. Aucun des os de Jésus ne sera brisé non plus, contrairement aux demandes d’accélération de mise à mort que demandaient des juifs.
Le coup de lance qui fait jaillir… la vie (19, 31-37)
Le coup de lance du soldat, évite toute contestation de cette mort. La pénétration de la lance dans son côté est perçue comme ultime vérification ; Il en sort « de l’eau et du sang » (v. 34), sans doute le poumon était-il percé pour l’eau.
« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont (trans)percé » (Jn19,37 reprenant Za 12,10 à 13,1). et Jean reprend cette prophétie ancienne de Zacharie pour le compte de Jésus. Le salut s’accomplit à travers une crise que doit traverser son roi. Le roi qui a été transpercé était le roi juste Josias, dans la plaine de Megguiddo (2 Rois 23,29). La même chose arrivera au Messie Jésus selon la prophétie, à cause de l’infidélité du peuple. C’est dire qu’il a été rejeté. Zacharie poursuit pourtant : « ce jour-là, une source jaillira pour la maison de David… en remède au péché et à la souillure ». Pourquoi ? Car Dieu se solidarisera avec son Messie.
« Ils verront celui qu’ils ont transpercé », les uns pour leur jugement, les autres pour leur vie. Pour les chrétiens, contempler le crucifié c’est obtenir la vie, la guérison, le remède. Être sauvé, c’est le regarder (1,14), découvrir que Dieu Lui-même nous fait un signe. C’est recevoir vraiment une eau qui assainit tout sur son passage (voir Ez 47 et Apoc 7,17 et 22,17). Le « sang et l’eau » dont il est dit qu’ils ont coulé de son côté (19,34). Tous deux, sera-t-il dit symboliquement, purifient. Le sang versé, donc d’une mort injuste et violente ; l’eau est sans doute figurée dans le baptême d’eau et de l’Esprit.
Deux disciples sortent de l’ombre : Joseph d’Arimathée et Nicodème (19,38-42)
Tous deux aimaient Jésus, mais très discrètement, craignant la réprobation des autres juifs (20,38ss). Mais ils vont s’affirmer devant Pilate. Le premier demanda le corps à Pilate pour l’avoir avant le sabbat et Pâques qui tombaient le même jour cette année-là. Le second a apporté les produits d’embaumement ; ils ont placé le corps de Jésus dans un tombeau tout neuf à proximité, en hâte avant le sabbat et la Pâque. Ils veulent souligner la dignité de Celui qui est mis au tombeau. Le jardin du lieu de la tombe redeviendra-t-il autre chose qu’un lieu d’impureté et de mort ?
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Pour nous, rendre témoignage à la vérité, comme Jésus, contre d’autres autorités, qu’est-ce que cela peut vouloir dire ?
- Qu’apprenons-nous en contemplant Jésus dans ces instants ?
- Un disciple n’est-il pas d’abord une personne que Jésus aime, avant d’être une personne qui aime Jésus ?
- Au creuset de l’épreuve, comme celle des disciples, n’est-il pas vrai que notre foi peut devenir plus profonde ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 20
MEDITATION par Philippe Henchoz :
Thomas a mauvaise presse : Un surnom lui colle à la peau « Thomas le sceptique » ! Ses doutes quant à la résurrection de Jésus tiennent peut-être davantage au fait qu’il n’était pas présent lorsque le Seigneur s’était présenté à l’équipe des disciples (Jean 29.19-25). Il me semble évident que n’importe lequel d’entre eux aurait réagi comme Thomas s’il avait été absent de ce jour extraordinaire.
Thomas ne manque certainement pas de courage. Lorsque Jésus avait envisagé de quitter la Galilée pour se rendre en Judée afin de ressusciter Lazare, et que les disciples, comprenant la situation politique du moment ont reconnu combien cette initiative était dangereuse, c’est Thomas qui calmement encourage ses collègues : « Allons, nous aussi, afin de mourir avec lui. » (Jn 11.16). C’est parfois lui qui se fait le porte-parole des autres disciples pour poser à Jésus la question qui leur brûle les lèvres. Ainsi, lorsque Jésus annonce son départ et ajoute qu’ils connaissent le chemin, Thomas ne s’exprime pas en son nom personnel lorsqu’il demande calmement « Seigneur, nous ne savons où tu vas ; comment en saurions-nous le chemin ? (Jn 14.5).
L’absence de Thomas lors de la première apparition de Jésus lui cause des ennuis, mais Thomas engage un dialogue d’une portée insoupçonnable la deuxième fois que Jésus se présente au milieu de ses disciples ici au chapitre 20. En apparaissant au milieu du cercle apostolique, alors que les portes de la pièce sont fermées, Jésus s’adresse délibérément à Thomas et lui montre les cicatrices de ses blessures : « Avance ici ton doigt, regarde mes mains, avance aussi ta main et mets-là dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois ! » (verset 27). Thomas ne réclame pas d’autres preuves. Il prononce l’une des plus grandes confessions christologiques du Nouveau Testament : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (verset 28).
Jésus fait alors une déclaration qui éclaire la nature du témoignage chrétien aujourd’hui encore : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (verset 29). Jésus projette son ombre sur le cours de l’Histoire future, en pensant aux millions de gens qui croiront en lui sans jamais avoir contemplé les cicatrices des blessures dans ses mains, ses pieds et son côté. Dont nous sommes… Et leur foi, notre foi n’est pas moindre.
En fait dans la providence particulière de Dieu, le récit de l’ expérience de Thomas est justement l’une des choses dont le Saint-Esprit va se servir pour amener des multitudes à la foi. Dans sa bonté, Jésus a fourni à l’un la preuve visuelle et tangible pour que le compte-rendu écrit de la foi et de la confession de Thomas entraîne la conviction et la conversion de ceux et celles qui n’auront eu accès qu’au texte de l’Evangile. Tout comme Thomas, ses successeur-es dont nous sommes croient en Jésus et ont la vie en son nom (verset 30-31).
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
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Qu’est-ce que je fais de mes doutes (y compris ceux qui touchent au cœur de la foi chrétienne)? Comment et à qui je les exprime ? Qu’est-ce qui y répond valablement ?
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Quelles perspectives Thomas, par sa question, et Jésus par sa réponse, ce texte ouvre-t-il à ma foi ?
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Concrètement, qu’est-ce ça change pour moi si je « crois en Jésus » et « reçois la vie en son nom » (versets 30-31)? Qu’est-ce que j’en fais de cette croyance et de cette vie ?
LECTURE PROPOSÉE: Jean 21
MEDITATION par Sélina Imhoff :
Un nouveau jour se lève
En lisant cette première partie de Jean 21, nous pourrions nous demander qu’est ce qui a vraiment changé ? Sept disciples de Jésus sont sur un bateau flottant sur la mer de Galilée. Ils passent toute la nuit à pêcher.
Après les événements incroyables vécus à Jérusalem. Après la mort et la résurrection de Jésus, nous constatons que la vie des disciples semble identique à celle qu’ils menaient avant la venue de Jésus. Mais plus rien ne fonctionne comme avant et la pêche est infructueuse. Le travail de Pierre et ses amis a été un réel échec. Sans la présence de Dieu, sans le soutien et la direction donné par Lui, ils n’arriveront pas à accomplir leur mission. C’est la nuit et leur savoir-faire ne les aideront pas à y voir plus clair.
Mais à l’aube, les disciples ont écouté la voix de cet homme sur la rive et une autre pêche miraculeuse à lieu. La lumière du jour, la lumière de la présence de Jésus vient éclairer leur vue, leur compréhension. C’est lui ! C’est Jésus, le ressuscité ! En prenant le repas avec lui, il n’y a plus aucun doute possible.
Jésus et Pierre
Autour de ce feu de braises, les souvenirs du reniement de Pierre reviennent douloureusement. C’est aussi devant des braises (18.18) qu’il avait renié son maître alors qu’il avait proclamé haut et fort qu’il donnerait sa vie pour lui (13.37). La discussion de Pierre et de Jésus est un écho au trois reniements de Pierre au chapitre 18. Une nuit d’agonie, trois questions posées et puis l’aube qui arrive (le coq qui chante). Jean déploie tout son talent ici pour produire un décor très similaire. Pierre avait failli à sa promesse de suivre Jésus jusqu’à la mort. La peur l’avait remporté sur l’amour. Pierre avait fui Jésus par le mensonge.
Les questions de Jésus donne à Pierre la possibilité de pouvoir à nouveau demeurer dans l’amour de Jésus (15.9). Les trois déclarations d’amour de Pierre amène Jésus à envoyer ce dernier tel un berger dans son troupeau. Tout comme lui l’a été parmi eux (20.21). Pierre et tous les autres vont devoir apprendre à conduire un troupeau, le nourrir, le diriger dans les hauts et les bas de l’existence et à le protéger de tous les dangers.
Berger, une vocation risquée
Pierre et Jean ont été si étroitement lié dans cette vie de disciple. Il sera bientôt l’heure où chacun sera envoyé en différents lieux pour annoncer l’évangile. Dieu seul connaît d’avance les épreuves qu’ils auront à vivre alors qu’il conduiront le peuple de Dieu vers sa justice.
Pierre reçoit à nouveau cet appel de berger et les risques qui vont avec. Il sera lui aussi persécuté et tué pour le nom de Jésus. Pierre ne fuira pas cette fois. Il assumera au péril de sa vie ce que Jésus lui confie là sur les rives du lac.
Mais lorsque c’est Jésus, le ressuscité qui nous envoie, peut-on vraiment craindre la mort ? Peut-être. Mais Jésus et l’évangile de Jean nous montrent que la mort n’est pas une finalité effrayante. La fin de toute chose. Jésus est mort. Mais Jésus est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Donc la vie en Jésus a le dernier mot. Jésus est le Verbe depuis le commencement et il est donc aussi la fin.
Nous finirons ce parcours dans l’évangile de Jean en faisant résonner en nous cette parole de Jésus en Jean 16.33.
« Je vous ai dit tout cela pour qu'en restant unis à moi, vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir. Mais prenez courage ! J'ai vaincu le monde ! »
QUELQUES QUESTIONS DE SUITE:
- Comment laissez-vous surprendre par Dieu dans les diverses circonstances de votre vie ?
- Comment Dieu vous a t-il rétabli pour vous préparer à la mission qu’il vous a confié ?
- Vivre et mourir pour la foi en Jésus, qu’en pensez-vous? Vous sentez-vous concerné ?
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